Remarques sur le Dénombrement de la population de
1846
Le premier changement, que nous constatons quand nous comparons ces listes avec les recensements précédents, est que, maintenant, on appelle ce recensement, dénombrement.
Un deuxième changement est la disparation de la colonne dans lequel on comptait les individus de façon continue. Donc du nombre 1 donné à la première personne de la liste de la commune jusqu’au dernier numéro donné au dernier habitant de la commune. Maintenant le comptage se fait par quartier. Le premier nombre dans la première colonne indique la maison, le deuxième nombre dans la deuxième colonne indique le ménage et le troisième indique l’individu. Nous trouvons cela un peu déroutant parce qu’avec cette méthode certains individus d’une maison ont le même numéro qu’un autre individu dans une autre maison. Ici dessous vous voyez le nom de Autran Joseph Valentin et il a le numéro 1-1-1. Dans la marge on lit qu’il habite au Village.
Mais Vincent Chastan a le même numéro: 1-1-1. Dans la marge on lit qu’il vit au quartier de Candy.
Un grand progrès est que l’on ajoute les noms des quartiers dans la marge et comme en 1836 on indique l’âge des individus. Comme nous l’avons déjà dit, les indications de l’âge ne doivent pas être prises de manière trop stricte mais cela nous permet d’éviter certaines erreurs.
Domestiques et bergers
En 1846, sur une population de 1017 âmes, il y a 78 domestiques et bergers à Vesc car ici, on fait la différence entre ces deux catégories. Nous voyons que certains fermiers ont plusieurs employés. Les domestiques et bergers ne sont pas répartis de façon homogène dans la commune. On en trouve plus en dehors du Village ce qui est logique, puisque les fermes demandent plus de bras que les habitations du centre du village.
Ce qui est étonnant, c’est l’âge de ces employés. Certains sont extrêmement jeunes. Pauline Roussin, domestique de François Auzias au quartier La Peine, a 7 ans, tout comme Marianne Chastan qui est bergère au service de David Barnier au quartier de Candy. Il s’agit de la fille de Jean André Chastan et Jeanne Marie Bouvier.
L’employé le plus âgé est Joseph Piollet, il a 60 ans. Il est berger de Jean Armand qui habite au quartier d’Audran. Nous ne savons pas qui est ce Joseph Piollet. Pauline Apnard n’est plus très jeune. Elle est domestique de Jean Claude Roussin à La Peine et elle a 54 ans. Nous ne savons pas de qui il s’agit.
Inconnu
Dans ce dénombrement, nous trouvons encore quelques individus que nous n’avons pas pu placer. Il y a par exemple un certain Joseph Oullon, marchand de bois. Il a 48 ans et il est “savoyard hbt chez Raspail”. Il habite chez Pierre Raspail, quartier Pracoutel, qui est, à ce moment-là, adjoint à la Mairie. Nous avons d’abord pensé que c’est un marchand qui reste un temps limité dans la famille Raspail. Cela serait peut-être le cas si nous ne savions qu’il y habite encore en 1851.
A la page 14 nous trouvons sous le numéro 8-8-40 une certaine Marie Bernard, “ht seule”. Il est indiqué qu’elle a 6 ans, et dans la colonne : Observations nous pouvons lire qu’elle est “vivant de la charité”. Nous pensons que la personne qui enregistrait s’est trompé en ce qui concerne son âge mais nous n’avons pas la moindre idée de qui est cette personne vivant à Pracoutel.
Parfois nous rencontrons une famille entière, à qui nous ne pouvons pas donner de place dans notre corpus:
Barthelemy Cuny a 70 ans, il habite avec son épouse Marie Augier et leurs deux fils (jean et Abel) au quartier Combe de Marais. Dans l’arbre généalogique que nous avons fait, on trouve bien un monsieur Cuny, marié à une madame Augier, mais leurs prénoms : Michel[1] et Elisabeth ne correspondent pas avec les prénoms du couple susnommé. D’autre part, nous connaissons un certain Pierre Barthelemy Cuny, qui est, comme le Barthelemy Cuny de ce recensement, né en 1776. Mais dans l’acte de décès de ce Pierre Barthelemy[2] nous lisons qu’il était célibataire. Comme Barthelemy, Pierre Barthelemy Cuny habitait à Combe de Marais. Nous aimerions solliciter votre aide enfin de pouvoir placer ce couple!
En nourrice
D’après ce dénombrement, en 1846, neuf “enfants en nourrice” se trouvent à Vesc. Parmi ces enfants, 3 ont les mêmes père et mère nourriciers : Jean Jacques Begou[3] et Marie Broc. Ils demeurent au hameau de la Peine. En 1841, ils avaient aussi deux enfants «en nourrice » dont nous ne connaissons pas l’âge. Les enfants qui habitent chez eux en 1846 ont 7, 4 et 2 ans. Malheureusement leurs origines ne sont pas indiquées. Le couple n’a pas d’enfants à eux, mais les enfants qui vivent sous leur toit sont assez âgés pour se nourrir d’aliments solides et ne dépendent plus du lait maternel.
Il est d’ailleurs évident que ce couple a fait du soin d’”enfants en nourrice” une sorte de métier. Dans ce cadre nous voudrions attirer votre attention sur le chapitre “Les enfants en nourrice” dans notre livre “Crupies au 19e siècle ou la haute vallée du Roubion dans les turbulences de l’Histoire”.
Erreurs
Bien sûr, ce dénombrement aussi contient quelques erreurs. Nous en avons trouvé dix-neuf. Douze fois le prénom n’est pas correct. Ici, il ne s’agit pas par exemple du cas où on écrit Jean au lieu de Jean Pierre mais des cas ou le prénom n’est pas correct du tout, citons : Delphine au lieu de Marianne Céline. Sept fois le nom de famille n’était pas correct, citons Valentin au lieu de Chauvin.
Nous sommes tombé sur une erreur étonnante.
(Jean ) Pierre Blanc et sa famille habite à la Combe de Gareaux. Son épouse Marie Rodet[4] et leur fils le petit Jean Pierre[5] et sa belle mère Jeanne Bouc. Mais quelque chose cloche… Les parents de Marie Rodet sont Jean Bertrand Rodet et Magdelaine Tiers [6]. Il y a une différence considérable entre les noms de Magdelaine Tiers et Jeanne Bouc .Mais l’erreur devient un peu plus compréhensive quand on sait que Magdelaine Tiers[7] est née le 20 mars 1777 à….. Boulc.
La dernière erreur que nous voulons vous présenter reste pour nous inexplicable. Si vous avez une explication, nous aimerons l’apprendre.
Jean Pierre (dit Eymard) Gras habite avec sa famille à Pracoutel. Mis à part Jean Pierre que l’on appelle ici Pierre, son épouse Marguerite Piollet y habite, il s’est marié avec elle en 1834[8]. Dans leur maison habite aussi Marianne Célestine [9] une fille, que l’on appelle sur cette liste Delphine. Un fils nommé Joseph[10]. Leur fils, Pierre, y demeure aussi. Il s’appelle en réalité Jean Claude [11] et nous pensons qu’il porte le nom de son frère Jean Pierre[12],[13] qui est décédé très jeune. Dans la même maison réside aussi Auguste Piollet. Dans son acte de naissance, son nom est Noël Auguste[14] et il est le frère de Marguerite Piollet épouse de Jean Pierre Gras. Sous leur toit demeure également Marguerite Pascaly « belle mère du chef de ménage ». Nous pensons que le nom de la belle-mère de Jean Pierre Gras est Marguerite Madelaine Bernard. En 1846, elle est encore vivante et décèdera en 1858 au quartier de Pracoutel.[15] Si l’on doit tirer une conclusion au sujet de cette dernière remarque, elle pourrait être que Marguerite Madelaine Bernard a un nom plus usuel : Marguerite Pascaly. Reste la question : pourquoi Pascaly ?
[1] Etat Civil de Châteauneuf de Mazenc (An XI-1812) page 337
[2] Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 195
[3] Etat Civil de Teyssières Mariages (An X-1889) page 102
[4] Etat Civil de Crupies (1823-1832) page 150
[5] Etat Civil de Crupies (1833-1842) page 31
[6] Etat Civil de Crupies (An XI-1812) page 9
[7] RP Boulc (1763-1783) page 164
[8] Etat Civil de Vesc (1833-1842) page 40
[9] Etat Civil de Vesc (1833-1842) page 83
[10] Etat Civil de Vesc Naissances (1839-1889) page 42
[11] Etat Civil de Vesc (1833-1842) page 136
[12] Etat Civil de Vesc (1833-1842) page 215
[13] Etat Civil de Vesc (1833-1842) page 234
[14] Etat Civil de Vesc (1813-1822) page 209
[15] Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 198