Quand nous avons étudié les dénombrements – aujourd’hui nommés recensements – de Vesc des années 1836 jusqu’à 1906, nous avons été étonnés de la masse de renseignements qu’ils contiennent. Nous sommes convaincus que ce que nous pouvons apprendre de cette analyse est aussi valable sur les dénombrements des autres communes.
Nous devons nous rendre compte que le contenu des dénombrements est la photographie d’un instant de la vie d’une communauté. Ce sont quelques jours d’une année brusquement fixées sur des listes où se trouvent les noms des habitants avec d’autres informations variables selon l’année.
Parfois on indique qu’une certaine personne est absente temporairement (soldat ou ouvrier cordonnier). Le mot parfois révèle déjà un problème de ces listes. Comparer les listes a des limites parce que leurs structures sont très différentes d’un recensement à l’autre.
Les dénombrements, l’arbre généalogique et la famille.
Pourtant ces listes rendent la recherche des personnes plus aisée, parce qu’elles se trouvent dans le contexte de leur famille proche. Les dénombrements facilitent par exemple le contrôle des arbres généalogiques. On peut voir s’il y a des manquants ou si au contraire il y a des personnes supplémentaires parmi les descendants. Cela peut être des membres de la famille que l’on a omis parce qu’ils sont nés ou décédés dans un autre lieu.
Les dénombrements donnent aussi la possibilité de voir si dans la famille que vous êtes en train d’examiner se trouve aussi un « enfant en nourrice » ou un domestique. Peut-être diriez-vous : “Mais qu’est-ce que cela m’apporte pour mon arbre généalogique ? ” Vous devez vous rendre compte qu’il est important de connaître le contexte dans lequel une famille vit et ces renseignements donnent aussi une indication du niveau de richesse dans lequel se trouve la famille. À cela s’ajoute le fait qu’un enfant de la famille peut par exemple se marier avec un(e) des domestiques ou le chef de la famille peut se remarier avec un(e) de ses domestiques après le décès de son épouse ou de son époux. Et cela est aussi intéressant à savoir.
Mises à part les erreurs qui se trouvent certainement dans les dénombrements que vous consulterez et sur lesquelles nous reviendrons, c’est surtout la différence dans la structure de ces documents qui pose un problème en rendant difficile les comparaisons. Dans les recensements de 1836 et 1841, les indications des lieus des habitations dans la commune manquent. Heureusement cela change en 1846. Mais il faut remarquer que la façon de nommer les lieus dans les dénombrements suivants n’est pas vraiment cohérente.
Pourtant, l‘ensemble qu’ils forment avec les informations qu’on trouve parfois dans l’état civil donne une indication raisonnable du lieu où la famille habite.
Les renseignements indiqués changent par dénombrement. Parfois il indique la religion, la nationalité ou si une personne a une maladie, mais malheureusement ces données ne se trouvent pas dans chacun d’eux. L’indication donnée sur une personne en particulier, handicap, religion et nationalité reflète pourtant le contexte important dans lequel on peut examiner la famille entière.
Dans les dénombrements, on présente souvent sous le nom du chef de famille et son épouse les noms de leurs enfants avec la notification : fils ou fille. Il ne faut pas prendre cette indication à la lettre, il est tout à fait possible que l’enfant soit un descendant du père et de son épouse décédée.
Erreurs dans les dénombrements.
Ici, nous ne voulons pas faire des remarques à propos des petites inexactitudes qui se présentent souvent comme le prénom Pierre au lieu de Jean Pierre.
Les prénoms des enfants.
Ce qui est bien plus déroutant c’est quand le prénom entier n’est pas correct, par exemple quand on donne sur la liste le prénom d’Etienne alors qu’en réalité le prénom doit être Auguste. Il s’agit ici très souvent des enfants d’une famille nombreuse. A notre avis, dans un cas pareil, il faut toujours se baser sur l’acte de naissance et constater que la personne qui allait interroger les familles pendant le dénombrement s’est un peu perdue dans la quantité des informations.
Patronymes
Nous ne voulons pas nous arrêter ici sur le variations orthographiques que l’on trouve dans les listes genre Peloux- Pelloux.
Parce que nous voyons les familles dans leur contexte, il est plus facile de découvrir, si un patronyme d’un membre de la famille est déviant. Par exemple dans une famille nous trouvons une mère qui a le nom de Magdelaine Bouc. Un nom qu’on ne voit pas souvent dans notre région. Mais quand on regarde de plus près cette famille, nous trouvons qu’il s’agit ici de Magdelaine Tiers native de Boulc. Sans ce contexte cette personne serait restée inconnue.
Un autre exemple est l’utilisation d’un surnom du père comme patronyme. Dans le dénombrement de 1866 se trouve une certaine Marie Galifel. Galifel est un nom étrange mais il devient seulement compréhensible si nous savons que son père était nommé Jean Jacques Gras dit Galifel.
Parfois, quand un nom est très inhabituel, ce patronyme peut disparaître entièrement et être remplacé par un des prénoms. La liste de 1886 nous en donne un exemple : Eléonore Louise Die est changé en Louise Eléonore.
Une erreur dans un dénombrement peut être têtue. Nous avons parlé d’une famille dont le chef de famille est nommé Abel Cuny dans quelques dénombrements, son épouse se nomme Rosalie Chansel. Après une recherche assez longue en consultant tous les actes de naissances de leurs enfants, qui portent aussi un patronyme incorrect, nous trouvons la solution parce que l’une de leurs filles porte un prénom peu fréquent (Zoé), et qu’il s’agit ici de la famille d’André Abel Barnier et Rose Chansel (voir dénombrement 1866) et que Abel Cuny est un ami de cette famille.
Certaines erreurs sont définitives. Nous pensons ici spécialement à la famille de Charles Nicolas Martin, Martin est ici encore le patronyme, mais il change, à cause de nombreuses erreurs dans les dénombrements et plus tard aussi dans l’Etat Civil, en Antoine Martin Nicolas. Aujourd’hui encore peuvent exister des familles avec le patronyme Nicolas qui devrait porter le nom de Martin.
Parfois l’origine d’un patronyme nous reste inconnue. Pourquoi trouvons-nous dans une liste une personne nommée Rose Quinquet, alors que nous sommes certains par le contexte que son nom est Rose Arnaud.
Conclusions :
Un dénombrement :
- donne un instantané des ménages nommés,
- peut vous aider à trouver des membres de la famille encore inconnus,
- indique les professions des membres de la famille,
- mentionne les enfants en nourrice et les domestiques dans les ménages,
- nous dit s’il y a des membres de famille handicapé ou malade,
- donne parfois la nationalité, lieu de naissance et religion des personnes mentionnées.
Conseils :
Si, dans la famille examinée, vous rencontrez tout à coup un patronyme étrange :
- Contrôlez si ce patronyme est basé sur le nom du village d’origine. (Magdelaine Bouc- Magdelaine Tiers de Boulc).
- Contrôlez si ce patronyme est peut être basé sur un surnom dans la famille. Marie Galifel – au lieu de Marie Gras fille de Jean Jacques Gras dit Galifel.
- Regardez de près les actes de naissances des enfants de la personne dont vous cherchez le patronyme. Si le nom du chef de famille n’est pas correct, vous trouverez peut être la clef dans un des actes de naissance de ses enfants.
- Faites surtout attention quand un prénom pourrait servir aussi comme patronyme: genre Nicolas Martin – Martin Nicolas.
- Rendez-vous compte que parfois un patronyme peut être raccourci quand il est remplacé par un des prénoms : comme Eléonore Louise Die qui devient Louise Eléonore.